Un an de 777

Il y a juste une année, je commençais mon stage de qualification sur Boeing 777.

J’ai donc eu droit hier à mon contrôle simulateur annuel, une séance assez « classique » avec des exercices réglementaires qui se ressemblent beaucoup chaque année. Il y a un petit voyage (Seattle – Vancouver cette année) avec deux pannes mineures et une panne moteur en descente, puis des exercices de panne moteur au décollage, retour rapide, remise de gaz cause météo, et atterrissage. On termine la séance par les entraînements aux « LVO » pour Low Visibility Operations, avec décollages et atterrissages, avec ou sans panne, dans le pire brouillard possible (75m de visibilité, le 777 se pose à 300 km/h…)

Le contrôle s’est bien passé, merci, me voilà revalidé pour un an.

Aujourd’hui c’était la récompense ! Une séance d’entraînement pur, avec des exercices faits sans « pression » puisque ni notre vie ni notre licence n’en dépendent… dans un excellent esprit avec un instructeur qui nous a fait donner le meilleur de nous-mêmes, et qui dès le briefing nous a dit qu’on était là pour se faire plaisir !…


Panne moteur en croisière suivie d’un déroutement sur Kangerlussuaq au Groenland, récupération de l’avion dans des postions inusuelles dignes d’un avion de voltige, approches particulières avec des surprises comme un feu en cabine juste avant l’atterrissage, détection et rattrapage d’erreurs volontaires du contrôleur ou du collègue complice, et panne hydraulique pour finir.

Un peu fatiguant j’avoue, mais l’objectif de l’instructeur était rempli, j’ai pris du plaisir pendant cette séance et cela ne m’était pas arrivé depuis très longtemps au simulateur ! Merci à Gilles (et Richard) pour cette séance après laquelle on se sent en confiance dans son niveau professionnel !

Qualifié 777

Le 3 décembre je suis rentré en qualification sur Boeing-777. 1 mois d’apprentissage théorique avec des cours en salle pour connaître les circuits de l’avion et son fonctionnement grâce des excellents instructeurs sol (les « GI » pour Ground Instrutor, souvent anciens mécaniciens avion).

Ensuite vient la phase simulateur où nous apprenons d’abord les procédures normales puis les traitements de pannes simples et complexes. Le rythme est assez soutenu (3 à 4 séances / semaine avec 1h30 de briefing, 4h dans la boîte et 30′ de débriefing) et presque autant de boulot pour préparer la séance du lendemain…

Beaucoup de différences de philosophie entre Airbus et Boeing, des habitudes à perdre (voilà 18 ans que pour allumer les phares de l’avion je manipulais des switches de l’Airbus dans un sens et sur Boeing c’est l’inverse… ) et réapprendre à piloter avec un vrai manche et un trim ça nécessite de l’entraînement !

Cette phase se termine par un test au simulateur, et ensuite j’ai attaqué la phase vol avec des passagers et un instructeur qui joue le rôle du copilote, me supervise et me conseille. C’était la semaine dernière sur Dakar. Je me suis vraiment senti sourire au moment du décollage, c’est pas tous les jours son premier vol sur un si bel avion !

Retour au simu depuis 2 jours pour faire des exercices plus orientés « ligne » avec des traitements de panne impliquant des vidanges de carburant ou des déroutements en zone océanique ; on s’entraîne également aux procédures de navigation très spéciales dans ces zones isolées et sans contrôle radar.

Hier soir décollage de l’engin à 344 tonnes (masse maxi décollage) de Hong Kong, une porte cargo se déverrouille, un filtre carburant se bouche : impossible de continuer 11 heures comme ça – bilan et choix d’un terrain où la météo et les performances de l’avion permettent l’atterrissage, vidange de 90 tonnes de kérosène (environ 45 minutes, heureusement les artifices du simulateur permettent d’accélérer le temps à ce moment là !) et atterrissage à Shenzen ou à Macau, ce qui permet de se familiariser avec les terrains de la région.

Prochain vol Fort de France mardi puis Washington et Tokyo Haneda (2 fois de suite 🍣😋) et si tout se passe bien début mars je serai lâché !

Dernier simu 320

20/21 octobre 2018, je fais mes 2 dernières séances d’ECP (Entraînement et Contrôle Périodique) avant départ sur 777 le 3 décembre.

Je me rappelle d’un post qui date de 2012 et qui traitait d’une séance de simu…

J’avais dû faire d’autres posts là dessus après ma qualification 320 en 2007 mais tout ça s’est perdu dans les limbes de WordPress et d’internet…

Ca me donne l’occasion de poster un petit peu sur ce blog qui pourrait paraître à l’abandon… je suis cependant toujours actif sur Twitter (@zepyaf) et j’avoue que le côté « pocket blogging » de ce media me plaît bien.

Mais je vais essayer, dans les prochains mois, de revenir poster ici, et de retour sur Long Courrier peut-être aurai-je l’occasion d’étoffer un peu ma galerie de photos aéro

Je viens d’ailleurs de prendre le temps d’ajouter quelques photos plus récentes dans mes galeries, allez jeter un œil ! J’ai aussi changé le thème de la page d’accueil et mis à jours quelques liens « morts »…

Ironie du sort : ma séance simu d’hier se terminait à Marseille Provence, où j’ai le bonheur d’être encore basé jusqu’à la fin du mois, et où j’ai passé 7 mois fantastiques avec des approches à vue fréquentes et des ambiances équipages vraiment sympa…

Et ce matin, ma dernière séance de simu sur 320 se passait à Londres Gatwick, aéroport où il est prévu que j’aille faire un petit séjour pendant ma qualification sur B777, suite au manque de ressources à CDG tant le nombre de qualifs est important cet hiver.

Merci à tous pour vos messages et à bientôt sur l’aéro-blog !

Simulateur

3 séances de simu ce mois-ci !

La première pour s’entraîner et valider nos nouvelles procédures en vigueur depuis le 18 octobre, qui nous rapproche de la documentation et des procédures Airbus (jusque là nous avions une méthode traduite en français et adaptée d’AIRBUS à la sauce Air France…), et les deux autres hier et avant-hier, pour le contrôle semestriel et l’entraînement également.

Un programme assez chargé sur 2 jours :

– décollages et atterrissages automatiques dans le brouillard (Cat III) avec pannes et remises de gaz

– pannes moteur au décollage, en croisière, en montée

– vol avec indications de vitesse incohérente,

– entraînement à l’extinction des 2 moteurs (c’est pas prévu que ça arrive, hein, le gentil instructeur a accepté à ma demande, syndrome Hudson…) j’ai réussi à me reposer à Orly mais avec sortie en bout de piste à 50 kt.

– un autre exercice ‘sympathique’ : le copilote tombe dans les pommes à 1000 ft en finale alors qu’il pilote à la main avec maxi vent de travers et une météo toute pourrie… évidemment il appuie un peu sur le joystick du mauvais côté… remise de gaz, prise de priorité au manche, message mayday, etc, tout seul et avec les nouvelles procédures, là j’avoue que les annonces en français sont revenues toutes seules !…

– Passage en panne électrique totale (ELEC EMER CONFIG) les 9/10 èmes des systèmes avion qui s’éteignent, une petite hélice qui sort du fuselage pour nous alimenter en électricité et puissance hydraulique, le copilote fait les checks lists et le bilan de ce qu’il nous reste, et moi je pilote un A320 tout mou qui a perdu 2/3 de sa réactivité…

Et la plus surprenante : panne des capteurs de position d’une manette de gaz ; un réacteur qui part à fond, et même avec l’autre tout réduit et les aérofreins, on accélère quand même ; la seule solution : monter jusqu’à pouvoir sortir un cran de volets, et à ce moment le moteur part au ralenti et on se retrouve en configuration « connue » de panne d’un moteur…

Au bout des 2 séances : triple soulagement (ça fait du bien quand ça s’arrête) (« très bon contrôle continuez comme ça ») (prochaine séance dans 6 mois)…